Un beau projet… sur le papier.

Ce samedi se tenait l’exposition de présentation du projet de rénovation du quartier des Diablots. L’occasion, pour Décidons Autrement Saint-Leu, de faire entendre notre point de vue sur ce site.

Depuis longtemps, nous portons l’ambition de redonner aux Diablots son attractivité d’antan et une qualité de vie durable. Pour cela, il faut s’appuyer sur les atouts toujours présents : une jeunesse dynamique, des équipements scolaires et sportifs, une médiathèque vivante, la Maison de la Plaine — véritable lien social intergénérationnel — et un espace naturel précieux, à protéger et à valoriser.

Ce que les habitants nous disent, depuis nos échanges sur le terrain, est clair : la dégradation du quartier est d’abord liée à la disparition des services de proximité et au déclin du commerce local.

En 2021, après le départ de Leader Price, nous avions proposé l’installation d’un distributeur de billets. Refusée dans un premier temps par Mme la Maire, parce qu’elle jugeait cela trop coûteux et inutile, cette proposition a fini par être acceptée puis réalisée … quatre ans plus tard.

Pour réussir une rénovation de qualité, complète, et durable — avec des commerces, des services, des espaces verts — nous avions soutenu la création d’une ZAC (Zone d’Aménagement Concerté). Certes plus lourde juridiquement, elle garantissait une maîtrise du projet par la ville. Mme la Maire a préféré une autre voie : consulter des promoteurs faisant du projet une opération immobilière et non un projet d’aménagement concerté. Sur sept sollicités, quatre ont répondu. Nexity a été retenu, et a lancé un concours d’architectes.

La commission chargée de choisir le promoteur puis l’architecte comprenait 12 membres : 5 élus de la majorité, un élu par groupe d’opposition (Loïc Vidal y représentait DASL), deux commerçants locaux, une représentante de la Maison de la Plaine et une représentante des copropriétaires du Domaine.

Le projet retenu semble cohérent à l’échelle de l’emprise concernée : 205 logements au maximum dont une résidence senior, un second parc à la place de l’ancien centre commercial et de la « tour », aujourd’hui en cours de démolition. L’implantation de commerces de proximité. Sur le papier, cela va dans le bon sens : des immeubles ne dépassant pas R+3+C, soit une hauteur de 4 étages, la suppression d’une tour et d’un centre commercial vieillissant, davantage d’espaces verts et des locaux commerciaux.

Mais plusieurs points nous inquiètent.

Loïc Vidal l’a rappelé lors des commissions : la méthode retenue est bancale.

  • Un cahier des charges réécrit après la consultation qui avait débouché sur le projet de ZAC, et sans les habitants. Résultat, un projet pas assez abouti :  aménagement de ce quartier de la ville sans tenter de casser les coupures urbaines et sociales qui l’isolent du reste de Saint-Leu (du centre-ville, de la forêt, mais aussi les quartiers résidentiels des Tannières et des Cancelles). Ce projet tant attendu est l’occasion de repenser les connexions entre le Nord et le Sud et l’Est et l’Ouest de la ville, pour y faciliter la fréquentation par tous des nombreux attraits  de tout notre territoire.
  • Les infrastructures scolaires ne sont pas abordées, alors qu’en dehors de la résidence senior, il y aura nécessairement des familles avec enfants, et que les équipements scolaires existants sont déjà pour certains en tension. Pas non plus de surfaces supplémentaires dédiées au sport et à la culture pour répondre aux besoins de cette population nouvelle. Rien non plus n’est envisagé en matière de sécurité, d’incivilité, pourtant ressentie par de nombreux habitantes et habitants rencontrés. Le manque de présence policière et de lieux dédiés aux jeunes parfois désœuvrés est une lacune importante dans la pensée de l’avenir du quartier.
  • La proximité immédiate de l’A115, et la pollution, les nuisances qu’elle génère, sont tout simplement ignorées, alors même que les futurs logements seront en bordure de l’autoroute.
  • La surface commerciale créée compense tout juste l’offre commerciale existante, en termes de surface et de nombre de commerces.

Un calendrier risqué, un pari fragile

L’exposition annonce un dépôt de permis de construire à l’automne 2025. Ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’il y aura trois permis successifs, sur plusieurs années :

  • Le premier concerne l’emprise de l’ancienne piscine.
  • Le deuxième, deux ans plus tard, vise le parking de l’autre côté de l’avenue.
  • Le troisième, sous quatre ans, pour la zone actuelle du centre commercial.

Ce découpage est risqué. Il repose sur un pari : une hausse du marché immobilier qui permettrait d’équilibrer l’opération par la vente échelonnée dans le temps des logements et commerces à venir. Mais si les négociations avec les propriétaires (commerçants, station-service…) échouent ? Si les prix ne montent pas comme prévu, il faudra nécessairement revoir une partie du programme, pour assurer l’équilibre financier. Dommage…car il forme un tout indissociable pour répondre à l’ensemble des besoins du quartier.

À cela s’ajoute une contrainte majeure : la révision du PLU sera bientôt obligatoire, car la région impose à Saint-Leu-la-Forêt une hausse de 17 % du nombre de logements d’ici 2040, dans son nouveau schéma directeur adopté l’été dernier. Un autre promoteur avait proposé de s’assurer de la maîtrise foncière de l’ensemble des parcelles avant de déposer un seul permis pour l’ensemble du projet.  Trop long, selon Mme la Maire, car cela aurait repoussé la vente des terrains après les élections de 2026.

Un projet à la merci du calendrier électoral ?

Nous craignons que ce projet soit aussi un outil de communication électorale pour la majorité sortante. La précipitation de son lancement pose question. Trop d’incertitudes, trop peu de garanties.

Loïc Vidal a demandé en commission : quelles garanties que ce projet aboutisse réellement, et comme prévu ? À ce jour, aucune réponse. Et l’inquiétude demeure.

Ce que nous ferons en mars 2026

Si les électrices et électeurs nous font confiance en mars 2026, nous reprendrons ce projet en main, avec méthode, consolidation et transparence :

  • Nous renégocierons avec Nexity pour renforcer les garanties de réalisation, anticiper les besoins en voirie, espaces verts, équipements, et services , et nous veillerons à la qualité de vie des populations actuelles et futures.
  • Nous définirons les priorités avec les habitantes et habitants pour un nouvel aménagement des Diablots réussi et composé ensemble, qui prenne en compte l’ensemble des préoccupations pour les habitants des Diablots et pour l’ensemble des Saint-Loupiennes et Saint-Loupiens.
  • Nous établirons un plan de financement clair, déterminant la part de la ville, les subventions  possibles , et utilisant tous les outils légaux pour exiger et s’assurer du promoteur des contreparties financières fortes.

Le quartier des Diablots mérite un avenir à la hauteur de son potentiel, avec vous, nous le défendrons.

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